a) Sur les traces d’Olivier

Après avoir pris connaissance de l’histoire de leur arrière-arrière-grand-père Olivier Dostie, deux cousins aventuriers, Alexandre Dostie et Jean-David Lacasse, ont décidé de lui rendre hommage à leur manière.  Il nous raconte ci-dessous leur exploit.

Arpentage de territoire

Le récit de Jean-David

En novembre dernier, à la faveur de cieux cléments, nous, Alexandre Dostie (fils de Sylvain Dostie) et Jean-David Lacasse (fils de Pauline Dostie) avons pris le bâton de pèlerin pour rendre hommage à la verve de notre arrière arrière grand-père Olivier Dostie, suivant l’inspiration qui le mena au Mont Dostie en 1901.

Pour honorer sa fière mémoire, nous sommes partis de bon matin de Saint-Honoré, patron des boulangers, dans le canton de Shenley après avoir reçu pour cette entreprise la bénédiction de notre grand-père Gérard Dostie.

Ayant chaussé gaîtres et carte en main, une brique de lard et une paire de bas en-dessous de la calotte, on a piqué à travers bois, défiant les clos de sapins de Noël, les plantations d’épinettes acérées, les clôtures de perche, les basseurs mouilleuses, les coupes à blanc en damier de la Domtar et les chasseurs à l’affût. Bien visibles, nous entonnons des airs ragaillardissants, levant lièvres et perdrix jusqu’aux contreforts des mornes qui s’élèvent devant nous! À la brunante, sous la bienveillance des érables, nous établissons notre bivouac sur les hauteurs auprès d’une ressurgence d’eau cristalline, trouvant chaleur auprès du feu.

Puis au matin, nous sommes éblouis par la majesté des mornes et la courronne de sorbiers du buton qui nous surplombe. Nous nous remettons en marche, devinant le mont Dostie au-delà du lac Drolet.

En après-midi, nous déposons notre gréement auprès de la Grosse Roche, puis montons au sommet du piton qui porte le nom d’Olivier. Un moment de recueillement nous permet de goûter la félicité des lieux, avant de retourner à nos affaires.

Pour nous avoir transmis la mémoire de nos ancêtres et leur vitalité, toute notre reconnaissance va aux descendants de Gédéon Dostie, fils d’Olivier: à notre grand-père Gérard pour ses récits et sa tradition orale vivante; à notre grande tante Pauline pour la magie de sa plume, ses dons de voyageuse dans le temps et la rigueur de ses recherches. Merci finalement aux artisans du site de la Grosse Roche, sanctuaire en plein-air.

Le récit d’Alexandre

C’est une vieille idée, on n’invente rien. Marcher… Tout le monde peut faire ça. En fait, tout le monde marche, tout le temps. Il y en a même qui courent, t’imagines? Il y en a qui courent toujours! Ça doit être drôlement fatigant… Puis même si on avait voulu, on n’aurait pas pu faire notre voyage en courant. On se serait enfargé tôt ou tard dans une souche et là, crac! Pour certain que oui, zigouillé par un arbre mort! Vous imaginez une pire fin? C’est parce que, quand on court on ne voit pas bien. Les yeux s’assèchent super vite et faut toujours les cligner, sinon ça devient tout flou… Alors aussi bien dire qu’on ne voit rien! Puis y a le vent dans les oreilles qui fait que l’on comprend très mal les choses. Alors pour moi la course… Le moins possible. Mon cousin? Encore moins! Voyez vous, mon cousin n’est pas très rapide. Je ne sais pas comment il fait d’ailleurs… Mais il est d’une précision! C’est d’ailleurs lui qui a battu une bonne partie du chemin. Il est plus musclé, alors c’est bien évident.

Marcher sur les traces de notre arrière arrière-grand-père… On n’a pas de mérite, vraiment. C’était inné quoi. Écrit dans l’ADN entre les cheveux foncés et le tempérament malcommode. C’est de la génétique! On ne va pas s’embarquer là-dedans. Personne n’y comprendrait rien de toute manière… Fallait seulement qu’on le FASSE! Comme les outardes qui migrent vers le sud à l’automne. Comme le saumon qui remonte la rivière pour se reproduire. Comme… Enfin vous voyez le topo. Donc voilà, c’est peut-être l’instinct… Ouais l’instinct, j’aime ça!

Mon cousin et moi, on a suivi notre instinct (et un tracé GPS) sur 60 kilomètres. On s’est enfoncé dans le pacage, jusqu’à plus savoir où l’on était. Une plongée pas de bonbonne, pas de masque entre le ciel gris de pluie et la terre mouillée. On a pas eu peur. On avait pris congé du reste du monde.  D’ailleurs, laissez-moi vous inviter à prendre congé du reste du monde aussitôt que possible. Demain serait l’idéal. Je suis très sérieux! Rarement je ne m’étais senti aussi libre qu’en ces jours de pèlerinage. Comme si chaque bouffée d’air, chaque gorgée d’eau, chaque poignée de peanuts goûtait meilleur tout d’un coup! J’avais l’impression que l’aventure vers le Mont Dostie, que cette marche intense qui étrennait mon corps, nourrissait du même coup mon âme.

Pour ce qui est d’Olivier, je ne l’ai pas vu. Même pas en rêve, alors que je dormais dans les mornes de Saint-Sébastien. J’ai bien cru apercevoir une silhouette familière entre deux rangées d’épinettes à un certain moment, mais difficile de dire si c’était lui. Je peux quand même prétendre avoir senti sa présence pendant le voyage. Comme une aura, veillant sur mon cousin et moi. C’est difficile à expliquer, c’est davantage quelque chose qui se vit… Un sentiment semblable à celui d’avoir mon grand-père près de moi, la protection de l’intouchable. C’était soit ça ou l’effet de cette sauge blanche que Jean-David traînait dans son paquetage… Il faudra y retourner pour savoir!

10 Réponses to “a) Sur les traces d’Olivier”


  1. Un grand merci à ces deux explorateurs qui ont eu L’audace et surtout le goût de faire ce trajet à pied dans les mêmes conditions que leur arrière-arrière gr-père.
    Qu’elle belle marque de reconnaissance..bravo et merci pour nous faire vivre un peu de cette aventure..qui est d’ailleurs si bien décrite.
    Je n’ai aucun doute que le grand Olivier devait verser quelques larmes et se frotter les mains de plaisir…
    J’espère pouvoir vous rencontrer un moment donné.
    Gilles à Éphrem cousin de Gérard Thetford Mines


  2. Bravo!!! Les Gars, c’est grandiose; ce que vous avez fait, cette marche sur les pas de Grand-Père Olivier. Qui aurait pu imaginer ?
    Félicitations vous êtes bien les dignes petits-fils de Gérard et Olivier, des braves, je vous admire cousine Geneviève à Éphrem


  3. Jean-David
    Alexandre
    Audacieux
    Valeureux.

    Escalader plusieurs montées
    à travers les flopées
    les embrouillaminis…

    Affronter les rhizomes de la forêt
    symboles de la résilience
    de nos ascendances ébaubies.

    Deux magnifiques textes de votre vécu
    De même carrure élégance et raffinement
    que votre intrépide ascension de 60 kilomètres
    Illustrés de mots exhausteurs des sapidités…
    parfaits miroirs de vous-mêmes.

    Vos MOTS
    aux multiples scintillations
    résonnent aussi les durs parcours
    de nos lignées ASCENDANTES…

    DOSTIE
    DE TOUTES LIGNÉES
    LIÉS AU COSMOS
    COMPOSÉS DU CONSCIENT
    ET DE L’INCONSCIENT
    DES ÉLECTRONS DE NOS « ADN ».

    BRAVO
    JEAN-DAVID ALEXANDRE !!

    JE SUIS TRÈS FIÈRE DE VOUS !!

    Pauline


  4. Félicitaitons chers cousins Dostie !
    Quelle merveilleuse idée de pélerinage vous avez eu. Sincèrement, j’aurais beaucoup aimé faire partie de votre périple et je connais d’autres Dostie qui diront comme moi. Vous vous racontez tous deux de façon très différente mais tout aussi captivante, vraiment, il y a du talent en écriture dans la famille Dostie.
    J’espère avoir la chance de vous rencontrer au prochain rassemblement de Dostie.

    Nicole à Roch à Ephrem à Olivier


  5. Bonjour Alexandre et Jean-David. Je suis la cousine de Gérard, j’habite au Village Harmonie à Lac-Mégantic et Geneviève aussi, alors j’ai pu lire sur son ordi vos impressions après avoir marché sur les traces de notre grand-Père Olivier. Félicitations pour votre belle idée, pour votre courage aussi. Ça devait être impressionnant, l’espèce de solitude,le grand air de la nature, le contact avec la vraie vie .
    Vous êtes de formidables aventuriers .
    Rose-Hélène à Éphrem à Olivier etc….


  6. Wow!
    Vous en avez des idées. Votre description du pélerinage nous fait sentir votre délicieux moment. D’un autre côté, on ne se connaît même pas, mais quand je lis vos récits, je reconnais les membres de ma famille. C’est fort l’ADN!! Nous avons du sang malcommode et une belle plume.
    Judith à Jacques à Jean-Marie à Éphrem à Olivier


  7. Alexandre, Jean-David,
    Décidément, vous n’avez pas attendu que la montagne vienne à vous, vous avez défié le temps, remonté la source afin de vivre de l’intérieur le chemin d’Olivier. On devine l’angoisse et le courage qu’il lui a fallu pour apprivoiser l’idée de partir d’un rêve, celui d’une vie meilleure. Une fois rendu, pour Olivier, tout était à faire: bâtir maison. fonder une famille, faire et prendre sa place. Votre pélerinage est d’autant plus intéressant qu’il y a dans vos propos pour le raconter du caractère, un humour vivifiant et un naturel qui caractérisent ceux qui entreprennent une traversée de l’inconnu puisqu’il faut croire en la vie et avoir confiance en elle. Toute traversée est un passage, celle de la mer, du désert et même de la nuit. Merci pour ces beaux moments partagés, ce bel exemple d’un Compostel dostien. Je suis sûr que bien des Dostie aimeraient vous entendre raconter votre aventure, échanger avec vous et même profiter de votre énergie. Pourquoi pas en septembre?
    Paul à RomÉprhrOli à Antoine bis et Pierre-Pierre


  8. Merci pour vos bons mots les Dostie!


  9. Toute cette aventure est un pur délice! Je vous parle de la synchronicité des événements que vis ces derniers jours jusqu’ à l’ épanouissement du moment présent de vous lire tous depuis le début de ce site. Je suis guidé ici et ce dont je suis témoin me donne confiance en la vie au point ou j’ aimerais de tout mon coeur , en mon âme, être initié à cette aventure à la fois… WoW…!! Grandiose et inspirante tout simplement. Vos implications, de tous et chacun, auprès de nos ancètres me remplissent d’ espoir d’ enfin prendre contact avec mes racines et d’ aller de l’ avant comme il se doit. Vous rencontrez sera un privilège et un grand moment pour moi. Merci à chacun. Yanick résident de Granby, de Renald de Lionel-Cyrille de Treflé de Louis d’ Isaac d’ Olivier……


  10. Quelle expérience inspirante et quels beaux récits que ceux de Jean-David et Alexandre. Notre Association des familles Dostie rêve de mettre en valeur le Mont-Dostie, de rendre hommage aux personnes et familles qui ont bâti cet héritage. Que les descendants d’Olivier permettent à la population d’accéder à cette richesse et le transmettent à leur tour.

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